Beyrouth, mon amour.
Beyrouth, mon amour.
Beyrouth, ma ville.
Beyrouth où mes souvenirs se défile.3
Toi qui m’as fait rire, toi qui m’as fait pleurer.
Je te parcours aujourd’hui dépourvue de tes couleurs, dépourvues de tes
bonheurs.
L’après-midi du 4 août, J’ai découvert une ville que je ne connaissais pas,
une ville que, peut-être, mes parents ont connue, mais que moi je n’avais
jamais vu. Une ville où l’on ne connaît pas la différence entre le jour et la
nuit, une ville ou la journée s’écoule comme celle de la veille, froide et
blême. Cette ville n’est pas la mienne. Cette ville ne te ressemble pas,
Beyrouth, mon amour. Cette ville ayant aucune soif de vivre, aucun élan
vers les joies à venir. Ses artères ternies par les années d’abandon. Cette
ville où ces citoyens, succombant, ne connaissent aucune allégresse. Tout
blanchit et se défait à leurs yeux. Tout s’efface. Après le crépuscule du 4
août Beyrouth, ton cœur a cessé de battre tel le cœur de tes victimes. Les
miraculés, eux aussi, ne sont plus vivants. Mon amour, toutes traces de
souffle qui y restait, avait subitement évaporé. La musique qui aira ton
âme c’est abruptement alter en sirènes d’ambulance et le feu que, d’antan,
tu allumais à ton peuple, c’est entièrement éteint.
Beyrouth, tu me manques. Ton odeur me manque. L’odeur des samedi
matin chez téta et jeddo, l’odeur de « baye3 el ka3ek » et l’odeur de la
corniche, me manque. Beyrouth, tu ne dormais jamais, tu te souviens ? Moi
aussi je ne dors plus. Mais ce n’est plus pour la même raison. On te quitte
Beyrouth, tes amoureux te quittent. Moi aussi je les voie quitter, Beyrouth,
et ça me fait mal. Mais je resterais. J’attendrai les battements de ton cœur
de nouveau, et je resterai.
Comme toi, j’attendrais leur retour, et ensemble, on regagnera nos
couleurs. Beyrouth, mon amour, je t’attends.
Ayla jabr