My eating disorder
Publié sous anonymat
“Tu vas manger tout ça?” “Quoi?! T’as encore faim?” “Évite de porter ce short, il met en valeur tes cuisses” sont des mots qui ne veulent rien dire pour certaines personnes, mais qui peuvent bouleverser le mental d’autres.
Le trouble de l’alimentation, plus connu sous le nom de “Eating Disorder”, est un phénomène qui est généralement très pris à la légère, mais qui en vérité a le pouvoir de changer la vie d’une personne, voire la détruire. Tout débute par une simple pensée: “Si seulement mon corps ressemblait à celui-ci”, “Si seulement mes jambes étaient plus fines” qui ensuite prend des ampleurs beaucoup trop grandes “Je déteste mon corps.”, “Je dois perdre du poids pour arriver a x kilos.”, “Je suis beaucoup trop grosse.”, “Quelque chose ne va pas avec moi.”, “I AM NOT ENOUGH” menant à un manque total de confiance en soi, à vouloir se cacher, voire même à ne plus sortir de sa chambre par peur de se faire juger sur son physique.
Aujourd’hui, je m’autorise à vous parler de ce sujet parce que j’ai personnellement été “victime” de ce phénomène, mais surtout parce que je veux, du moins j’espère, aider quelques personnes, attirer l’attention ou encore mettre en garde d’autres. Jusqu’à mes 15 ans, étant considérée comme un enfant en surpoids, on m’a toujours dit “Tu dois moins manger”, “Fais attention à ton alimentation”, “Tu dois perdre du poids”, ou on m’a simplement lancé un regard de travers. Diététicienne après diététicienne, régime après régime, salle de sport après salle de sport, perdre du poids semblait impossible pour moi et chaque défaite blessait encore plus que la précédente. Je ne me décevais pas seulement, je décevais tout mon entourage qui me poussait et m’aidait à maigrir, tout mon entourage aux yeux duquel je sentais que je n’étais pas assez belle, pas assez fine et surtout pas à la hauteur. Ce que j’ignorais, c’est que je ne maigrissais pas pour mon bien, mais parce qu’on me disait de le faire ou parce que je pensais que maigrir était la seule solution pour devenir belle, pour être à la hauteur, maigrir était la seule solution pour plaire aux autres, aux personnes à qui je n’arrêtais pas de me comparer, aux personnes qui, pour moi, représentaient le physique idéal, celui auquel le mien devait à tout prix ressembler pour être à la hauteur des attentes de la société.
Ces pensées ont lentement commencé à me dominer, jusqu’à un jour prendre le contrôle total de mon corps, et c’est à ce moment-là que tout a dégénéré. Il était 14h et je venais de manger une “Caesar salad”. Comme les 10 diététiciennes ayant précédemment essayé de me faire maigrir m’avaient précisément déconseillé de manger cette salade, je commençais à me sentir mal et à éprouver un sentiment que je n’avais jamais ressenti auparavant et que bizarrement, je n’arrivais pas à ignorer. “Qu’est-ce que tu viens de faire? Manger cette salade va te faire grossir”. Je me suis donc dirigée aux toilettes. C’était la première fois que ca se passait. Le faire a été la pire décision de ma vie, et a surtout été une décision qui la changea complètement. Pour moi, il n’y avait aucun mal à le faire, j’avais pratiquement le pouvoir “d’annuler“ ce que je venais de manger.
Ainsi, étant jeune et inconsciente, je pensais avoir trouvé le moyen parfait pour maigrir, mais ce que je ne savais pas c’est que mentalement j’étais devenue malade. Malade dans le vrai sens, malade ayant besoin de l’aide, mon corps criait à l’aide, mais je l’ignorais. Je l’ignorais et le faire était devenu une routine, une routine de laquelle je n’arrivais pas à me détacher parce que c’était une routine qui me faisait me sentir bien. Malgré les multiples douleurs abdominales, les “On peut s’arrêter? J’ai le vertige”, les “tu es pâle”, les “t’es sûre que ça va?” de la part mes proches, et les “s’il-te plaît arrête” de la part de mes parents, je ne voyais pas le mal que ca me causait et je regrette ne pas en avoir parlé et avoir cherché l’aide dont j’avais besoin. Des fois je me demande même si quelqu’un m’avait raconté son histoire peut être que je me serais réveillée de ce cauchemar qui semblait interminable ou j’aurais peut être essayé de mettre fin à tout ce qui se passait.
J’ai été chanceuse de m’en être sortie et c’est pour cela que je vous partage mon histoire, 6 mois plus tard, pour vous montrer que c’est un cercle vicieux duquel il est très difficile de se détacher, auquel j’ai été prisonnière pour plus de 8 mois, et dans lequel il ne faut pas tomber. Mais ce que je veux aussi vous montrer c’est qu’il y a de l’espoir et que si vous vous trouvez dans une situation pareille vous pouvez vous en sortir et si vous n’arrivez pas à le faire tout seul parlez-en et cherchez l’aide dont vous avez besoin. En fin de compte c’est quoi le “Eating Disorder”? Pour moi, ce n’est pas le fait de vomir ou de simplement arrêter de manger. C’est, venant d’une toute petite pensée à l’arrière de ta tête, te faire du mal inconsciemment. C’est te faire du mal inconsciemment et l’accepter. C’est toutes ces pensées, qui ne se transforment pas nécessairement en actions, qui, 24/7 sont en train de te juger et te dévaloriser. C’est le fait de laisser ces pensées te rendre psychologiquement malade et te pousser à agir d’une façon totalement irrationnelle, mais qui semble rationnelle pour toi.
Alors je vous demande, au lieu de faire des remarques totalement inutiles comme celles citées au début et qui pour vous n’ont pas vraiment de but, complimentez, qui sait, vous pourrez être la cause de la fin d’un trouble alimentaire d’une personne. Vous ne savez jamais ce que quelqu’un peut être en train de traverser. Je veux finir par préciser que la beauté, ou être à la hauteur, ce n’est pas le physique, c’est être unique, c’est avoir un corps différent des autres, une personnalité qui vous différencie de votre ami, de votre voisin, d’une personne que vous venez de rencontrer. Soyez fiers de votre corps, de votre un corps qui vous permet de marcher, courir, sauter, parler, nager, aimez le et remerciez le pour ce qu’il vous donne et vous permet d’accomplir.