Par où commencer ?
Gabriel HAWA, Terminale
Bien que la République Libanaise fut reconnue en tant que pays souverain en 1943, elle ne l’a jamais été. Le Liban n’est aujourd’hui qu’un regroupement de minorités qui ont une conscience d’appartenance à leur parti politique ou secte religieuse. Cette extrême division au sein d’un même pays auquelle on donne le nom de “diversité” a eu de lourdes répercussions sur le peuple libanais et s’est traduite par la guerre civile de 74, de multiples crises constitutionnelles et enfin par une incapacité du Liban à s’affranchir des puissances extérieures qu’elles soient arabes ou occidentales.
Aujourd’hui toute formation de gouvernement et décision politique ou économique est ralentie voir stoppée par le consensus des 28 sectes religieuses mais aussi des dirigeants de tous les partis politiques. Cette division confessionnelle des pouvoirs a ouvert la porte à une extrême corruption et une bureaucratie au sein de l’État et toutes ses institutions résultant par un chaos à la fois politique, social et économique.
L’unité est la première étape vers un pays des cèdres qui renaît de la crise.
Aucune réforme ne pourra être mise en place avant une réunification des libanais pour un Liban indépendant et pluraliste. Même si l’on a l’impression que le Liban a implosé sous les coups de la crise économique et sociale, et se voit submergé par une vague de sectarisme et d’intolérance, si l’envie de vivre du peuple libanais est plus forte, la cohabitation des communautés est possible et la survie du Liban est faisable. Appeler à l’unité n’est pas suffisant; il faut bel et bien agir en sa faveur à travers un changement radical des mentalités traditionalistes libanaises.
L’éducation est clef dans cette réforme de l’état d’esprit libanais.
Effectivement, la vraie menace qui met en danger l’existence du Liban est l’ignorance, et depuis des années, la jeunesse libanaise est imprégnée par la propagande des partis politiques. On n’assiste plus à de patriotisme envers une nation mais une adhérence et une loyauté aveugle voire suicidaire à un certain parti. Une génération ignorante, endoctrinée, et renfermée sur elle-même est une conséquence directe du système dysfonctionnel mais surtout est garantie d’un futur en péril. La jeunesse est ce qui reste de ce pays qui se noie jour après jour, et la négliger est une condamnation à mort de la république et des valeurs démocratiques que prêche notre constitution.
Apprendre à la jeunesse les principes démocratiques est impossible sans la laïcisation de la république.
La séparation de la religion et de l’État est cruciale pour construire une nation laïque et unie qui progresse dans l’intérêt général indépendamment des orientations religieuses des groupes politiques . Le développement d’une seule société tolérante, anti-raciste et égalitaire pour tous ne peut se faire sans un état séculier. Aujourd’hui le Liban est une oligarchie sectaire sous la dénomination de république parlementaire, et pour arriver à cet idéal démocratique que l’on prêche, fondé sur l’égalité et la liberté ; la laïcisation est la première étape à achever pour unir le peuple avant d’établir de réelles réformes socio-économiques.
Les réformes au niveau le plus élémentaire doivent se faire; au niveau de la constitution, des mentalités et de l’education nationale pour unir le peuple libanais dans l’objectif d’une renaissance durable de la République Libanaise et de ses valeurs démocratiques. Cela peut vous sembler idéaliste, voire absurde, mais s’unifier pour lutter ensemble est le seul chemin à prendre et la première étape avant d’entreprendre des réformes politiques et économiques des institutions libanaises.