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Quand le Liban dit adieu à sa jeunesse

Wassim BATAL, Terminale

« Je compte aller aux États-Unis, au Canada, en France, en Allemagne, en Italie, en Espagne, faire ceci, et cela…. “

« Moi, je compte plutôt rester au Liban, pour…”
Avant même qu’il finisse sa phrase, tous les regards de stupéfaction se retournent vers lui. Voilà où nous sommes arrivés aujourd’hui, voilà comment “ils” nous ont fait quitter. Vouloir rester, c’est avoir perdu la tête. Tracer son chemin ici, c’est un sacrifice, c’est choisir de (sur)vivre dans l’incertitude du quotidien, c’est se sacrifier. La majorité a quitté, et la minorité veut quitter. On est là, on les accompagne jusqu’à l’aéroport, et on revient à nos pénibles luttes quotidiennes. Ma génération a perdu tout espoir en ce pays. La flemme s’est éteinte, leur endurance, s’est affaiblie. Mais après tout, pouvons nous les reprocher ? Ils ont quelque part raison, pourquoi perdre son temps à se combattre pour obtenir droits, liberté et stabilité alors qu’elles nous attendent à l’Étranger il y a déjà des décennies ? Mais en même temps, je me demande, s’il est tellement facile de quitter la terre où j’ai grandi, appris, et à qui je dois la personne que je suis. Laisser le Liban derrière nous dans le pire de ses États ? Le laisser entre les mains des personnes “au pouvoir “, c’est lui faire beaucoup trop de mal. Tous les jeunes libanais de mon âge sont tiraillés par ce même dilemme. Certains font la promesse de retourner un jour pour aider leurs pays, mais qui sait ce que le lendemain nous cache ? Certains disent que ce n’est pas un au revoir, mais j’appréhende leur adieu.

Photographie de Ayla Jabr

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